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     Louis Vestrepain (1809-1865) n’est pas un professionnel de la littérature. Il fabrique et vend des bottes dans sa boutique de la rue de la Pomme, à Toulouse. Parallèlement à son activité de bottier, il compose et publie des textes en occitan toulousain qu’il interprète lui-même. Influencé par le grand poète agenais Jasmin, il publie, dès la fin des années 1830, des récits larmoyants dans le goût de l’époque, mais il se fait surtout connaître dans les années 1840 en rédigeant des poèmes destinés à la célébration du carnaval et notamment de manifestations charivariques organisées dans des quartiers de Toulouse (Tribunal carniboro de Naoubernat [Tribunal carnivore d’Arnaud-Bernard], 1840, par exemple). Son inspiration ne se limite pas à ces festivités populaires. Les autorités municipales font appel à lui lorsqu’il s’agit d’accueillir en occitan des personnalités nationales, pour des inaugurations ou des fêtes ponctuelles. Sa notoriété est en effet grande et ses talents sont divers. Il s’illustre particulièrement dans la composition de poèmes, dramatiques et comiques ou satiriques – Le bignayrou ruinat ou la mort de Ramoun (Le vigneron ruiné ou la mort de Raymond), 1856; Danièl et Suzoun, ou la nobio bengudo folo (Daniel et Suzon, ou la mariée devenue folle), 1857 ; La lantèrno-magiquo ou le fillol de Bourniquèl (La lanterne magique ou le filleul de Bruniquel), 1857 –, dont le plus connu est sans doute Las abanturos d’un campagnard a Toulouso (1837) et sa suite Las abanturos d’un Toulousèn a la campagno (1838). Se considérant comme l’héritier du grand créateur toulousain du XVII  siècle, Pierre Godolin, Vestrepain fait office, tout au long de sa vie, de poète, sinon officiel, du moins officieux, de la ville de Toulouse. Ses œuvres sont réunies en 1860 et paraissent sous le titre Las espigos de la lengo moundino (Les glanes de la langue toulousaine).

Le long poème de La Balotcho de Sant-Subra (Le bal de Saint-Cyprien) est représentatif de la manière poétique de Vestrepain. Publié en 1846 sous la forme d’une de ces nombreuses brochures de Vestrepain dont Fernand Pifteau a assuré la conservation, il décrit les préparatifs puis le déroulement d’une journée de fête, le 21 septembre 1845, qui réunit les habitants du quartier Saint-Cyprien et de l’île de Tounis, auxquels se joignent de nombreux Toulousains. Divisé en trois chants, le poème met en scène sur un ton léger et facétieux le petit peuple de la ville et ses amusements dans une ambiance bon enfant. Vestrepain est l’auteur d’une chanson composée spécialement pour l’occasion sur une musique de Jean Hommey. De façon caractéristique, l’œuvre est précédée d’une dédicace au conseiller 

Couverture imprimée
00:00 / 04:15

Toulouse, Delboy, 1860.

In-8°. Couverture imprimée. Resp Pf XIX 763.

Louis Vestrepain, Las Espigos de la lengo

moudino, présenté par Jean-François Courouau.

Jean-François Courouau professeur de littérature occitane moderne et contemporaine à l’Université Toulouse Jean-Jaurès ; il a publié en 2020 un article sur Louis Vestrepain.

municipal Benoît Arzac à qui le poète rend hommage pour l’aménagement de la Prairie des Filtres ainsi que d’un bref poème A ma lengo (À ma langue) où le poète affirme sa confiance en l’immortalité de l’occitan. Il est agrémenté, dans sa réédition en 1866 dans le volume Las Espigos, d’une gravure de Chamaron qui complète la description d’un moment fort de la convivialité toulousaine. Dans l’exemplaire présenté, Fernand Pifteau a inséré deux modèles de l’enseigne de bottier de Vestrepain « Au retroussis d’or ».

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