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     C’est en 1865 que la revue La Voix des écoles du Midi. Revue artistique, littéraire & scientifique fut fondée par Ad. Madre qui s’était adjoint comme secrétaire de rédaction Émile Cartailhac (1845-1921). Ce dernier, alors âgé de vingt ans, préparait son baccalauréat en droit avant d’intégrer une ultime année de licence. S’il se destinait à la carrière d’avocat, le jeune Émile allait pourtant prendre un autre chemin, celui de l’archéologie devenue sa passion. C’est dans ce domaine qu’il devait faire carrière et être reconnu parmi les préhistoriens les plus célèbres de cette époque.

     Aujourd’hui quasiment introuvable, La Voix des écoles du Midi devait connaître une brève existence : au total dix-sept numéros de format in-folio puis in-8 parurent entre décembre 1865 et juin 1866, la revue étant hebdomadaire, puis bimensuelle. Sur la page de couverture figuraient les adresses pour les abonnements dont l’adresse de la revue « Allées Louis-Napoléon 19 bis au second » (aujourd’hui allées Jean- Jaurès). La revue était organisée en diverses rubriques à l’exemple de celle des « Variétés » ou du « Bulletin » donnant la liste des cours publics. Après celle de la Bibliothèque nationale de France, la collection réunie par Pifteau est la plus « complète » des trois recensées en France (dix numéros manquent).

   Comme l’indique le sous-titre, la revue cherchait à mêler arts, littérature et sciences, un éclectisme qui s’explique par l’inspiration débridée de ses plumes ! Ainsi Paul-Émile Cartailhac, puisque ce fut sa première signature, traitait-il de sujets aussi divers que l’histoire de l’Académie des Jeux floraux ou le destin d’Étienne Dolet, « poète et galant escolier ». (« Histoire du premier fauteuil de l’Académie des Jeux floraux », 1er mai 1866, n° 2, p. 33-37. ; « Étienne Dolet, poète et galant escolier », 15 juin 1866, n° 4, p. 109-116). 

     C’est toutefois sous le pseudonyme de Paulus Emilius qu’il publiait, dans la rubrique « Causerie scientifique et philosophique », un article intitulé « L’Homme et le Singe », dans le dernier numéro de la revue (15 juin 1866, n° 4, p. 120-128). Il le dédiait à l’œuvre de Charles Darwin sur l’origine des espèces et à sa traductrice, « noble femme » et « savante interprète », Mlle Clémence Royer. S’il s’agit d’un article de jeunesse, il n’en reste pas moins que cette publication sous pseudonyme fut une occasion pour le jeune savant de se situer dans le débat sur les origines de l’homme résolument du côté de la science et de quelques maîtres tels Armand de Quatrefages ou Henri Milne Edwards.

Revue ancienne La Voix des Ecoles du Midi.
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Toulouse, bureau de La Voix des écoles du Midi : Caillol et Baylac, 1865-1866. Resp Pf PER 6D.

La Voix des écoles du Midi. Revue artistique, littéraire & scientifique, présenté par Sandra  Péré-Noguès.

Sandra Péré-Noguès est maîtresse de conférence à l’Université Toulouse Jean Jaurès, Laboratoire TRACES UMR 5608 ; elle conduit un programme collectif de recherches dédié à la carrière d’Émile Cartailhac depuis 2014.

     À la création de La Voix des écoles du Midi, le jeune secrétaire de rédaction avait envoyé le premier numéro à Victor Hugo, lequel avait répondu : « Je donne avec bonheur la bien- venue à votre Revue. » Léguée par Cartailhac lui-même à l’Académie des Jeux floraux, la lettre reste aujourd’hui introuvable... Même si l’expérience éditoriale fut de courte durée, elle témoigne de l’énergie de toute une génération de jeunes Toulousains qui avaient à cœur, comme Émile Cartailhac ou son ami Hippolyte Galibert, de partager leurs savoirs et leurs passions.

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